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  • Baschung avant Bashung - Interview de Michel Bernard par MonsieurBashung.com

    Bonjour Michel Bernard, j’ai fini cette interview dans cette période étrange et inédite donc impossible de ne pas en parler ! Comment vas tu en ces temps de confinement, comment se déroule ton quotidien ?

     

    Les artistes sont, à l'origine, des êtres confinés, pas finis.., et pour lesquels la solitude est, avant tout , un tremplin... C'est avec elle qu'ils peaufinent leur besoin de se rapprocher des autres ! Alors, en ces temps de confinement, je ne vois pas de grande différence dans la manière de "distiller" le temps qui s'écoule comme l'eau d'une source qui malheureusement risque de se tarir... C'est surtout cela qui préoccupe mes neurones "endoloris", et la façon dont l'inconscient collectif et responsable utilise le peu qui reste à transmettre à nos enfants !

    Pour répondre à ta question d'une façon moins "nombriliste", je te citerai simplement une des célèbres "tirades" du film LA HAINE (1995) de Mathieu Kassovitz :

     - Jusqu'ici tout va bien !

     

    Alors Michel, merci pour ton livre dont le titre donne tout le sens du bouquin, « Bashung avant Bashung » rien que pour ça, moi je t’aurai édité; mais bon je ne suis pas éditeur.

     

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    J'avais pensé, au début, rajouter en sous-titre, les années galères. Car c'est bien de cela qu'il s'agit !

     

    Comme nous sommes confortablement installés dans ce vieux canapé en cuir, je te propose, avant de nous entretenir, un petit rafraîchissement : 

    Un Bourgogne blanc ?

    Un Bordeaux Pessac Leognan rouge ?

    Un Perrier tranche ?

    Un soupçon de Zubro glacée 

    Un verre d’eau ?

     

    "T'as pas une mousse pépère" ?

     

    Alors, une mousse pour Michel, moi, je vais partir sur un verre de blanc bien frais.

    Michel, pourquoi ce livre, pourquoi maintenant  ?

    Et pourquoi pas ? Je ne me suis pas manifesté pendant près de 50 ans... 

    Devant la quantité impressionnante d'ouvrages publiés sur mon "pote", plus ou moins ressemblants à celui que j'avais connu, j'ai pensé qu'il était peut-être "l'heure" que je parle d'un temps que les moins de vingt ans ne pouvaient pas connaître (Sic)... Et je me suis dit "Allons y casquette à la foire aux chapeaux !" et rendons à Alain ce qui n'appartient pas à l’autre....

     

    Ton livre est une belle succession de souvenirs, d’anecdotes, ton plus beau souvenir ?

    Mon plus beau souvenir ? Y a pas photo ! 

    C'est la somme de tous ceux qui se sont additionnés pendant les 7 années de notre collaboration. Les classer par ordre de préférence serait porter atteinte à la manière dont notre amitié abordait la vie... Avec spontanéité, inventivité, humour, créativité, sensibilité, une bière, trois Knacks, une "taffe" , sans oublier la musique et les chansons....


    Tu expliques, que Bashung au début de votre rencontre, lorsque vous partagiez deux fauteuils canapés pour quelque nuits chez votre attaché de presse d’alors Micheline Brunel, ne portait guère d’importance aux mots ?


    C'était sa grande théorie ! La musique était plus importante que les mots ! Au début de notre rencontre Il écrivait ses textes (son premier disque le prouve) et très rapidement, il fit appel à d'autres artistes pour faire des musiques sur leurs textes. Les co-signatures n'arriveront qu'après le succès... Mais lorsque l'intérêt prime, des idées premières se transforment parfois pour orienter différemment le sens des répartitions et des intérêts ! Cela fit également partie de ce que j'ai dénommé plus bas sa "lucidité". Nous n'étions pas encore perturbés par ces préoccupations quand nous courions après une reconnaissance que nous ne voulions qu'artistique ! Comme quoi…

     

    Dans les premières pages de ton ouvrage, tu parles de « ce qu’il a fallu d’opiniâtreté, de persévérance, d’échecs et de remises en question pour en arriver à exister » « Qu’il a du en donner avant d’en recevoir un peu » 

     

    C'est vrai qu'on ne recevait pas grand chose à nos débuts ! Mais au casino, avant de toucher 35 fois la mise, il faut trouver le bon numéro parmi les 38 cases proposées... D'où le fait qu'on reçoit moins souvent que l'on ne mise.... Cela n'empêche pas qu'il y a toujours des joueurs qui s'approchent de la table ! 

    Alain ne l'a jamais quittée !

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    Il avait, me semble-t-il à te lire, cette faculté de disparaître pour un temps puis, de réapparaître d’un seul coup, par une visite, un coup de téléphone avant d’ailleurs de disparaître complètement ?


    Je crois que tous ceux qui ont partagé un moment de vie avec Alain seront unanimes à ce propos. Il avait effectivement cette particularité de disparaître et réapparaître au gré de ses humeurs, de ses besoins, de ses envies, ou de ses errances !... Sans aucune explication !

     

    Il y a quelques années, j’ai rencontré et échangé de nombreuses fois avec un des membres du KGDD (que je salue au passage), et il évoquait notamment la rupture brutale avec Bashung, juste plus de nouvelles du jour au lendemain. Semblable à ce que tu racontes dans ton livre, vers la fin. J’ai plusieurs fois lu ce genre de témoignage. C’était ça avec Bashung, pas « d’au revoir », une rupture nette ? Comment on le vit ? Qu’est ce qui faut y voir ?

     

    D'abord, on n'est pas surpris, En liaison avec ce que je t'ai répondu précédemment.

    Ensuite, dire qu'on le vit bien serait un mensonge... Mais la suite dépend de la personne concernée. Je m'aperçois, avec les décennies écoulées que, même "affecté", j'ai continué à jouer le "jeu" que nous avions mis en place dès le début de notre relation. Finalement, je me glorifie plus de "l'humain" partagé que des traces que nous avons laissées dans nos pérégrinations d'ados pas finis et d'adultes en devenir...


    Il y a quelque chose de touchant c’est que tu dis à la fin du livre, que tu réalises que tu n’as de cette époque, aucune photo avec Baschung malgré toutes ces années passées ensemble, et toutes ces aventures ?


    C'est vrai qu'on s'en foutait bien des photos ! Mais c'était une autre époque... Peut-être n'avions nous pas suffisamment le "tout à l'ego" pour se préoccuper d'en fixer les instants sur de "l'argentique"... Il y en a eu des "prises", à gauche et à droite. Mais pas une seule fois nous n'avons pensé à en demander un exemplaire pour notre album photos.  

    Mais quelle importance... Les souvenirs ne sont-ils pas les plus beaux clichés de notre existence ?

    Les albums de Bashung sont tous différents, une couleur, un son différent, toutefois, y vois-tu un lien, un fil rouge, une cohérence entre tous et si oui lequel ?


    Bien sûr ! Ces albums sont de la psychogénéalogie pure ! Alain a cherché toute sa vie a "canaliser" son mal être... Je pense que chaque album dévoile l'un des nombreux "couloirs" de sa psyché. Plus il a avancé dans la vie, la réussite et dans ses rêves, plus il est allé chercher au plus profond de lui ce qui le perturbait encore... La fin de sa carrière, où le succès ajouté à la maladie, en est une preuve incontestable ! La noirceur de ses albums se disputant avec l'insouciance et l'humour de ce qui l'avait révélé.... Mais, dans l'immortalité où certains de ceux qui l'aiment l'ont cloisonné aujourd'hui, j'oserai dire qu'Alain n'était pas seulement comme ça ! 


    Play Blessures, L‘imprudence ça te parle ?


    Et comment que ça me parle ! C'est dans le studio d'enregistrement de mon amie Régine Denis, pour laquelle nous avions écrit et composé JE VENDS DES REVES à l'époque où elle dirigeait le CONCERT MAYOL, Qu'Alain et Serge Gainsbourg ont enregistré l'album "Play Blessures"... Régine me téléphonait régulièrement pour me raconter "l'aventure". Elle connaissait notre distanciation et le lien qui subsistaient au plus profond de moi et me tenait au courant de l'évolution du disque et des frasques des deux personnages... Apparemment ça n'était pas du "gâteau"... 

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    Pour l'imprudence, c'est un album qui ne me parle pas vu sa noirceur ! Il est tellement en opposition avec celui que j'ai connu que je n'ai pu en savourer toutes les finesses ou les intentions de cette association Fauque/Bashung...

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    Ce sont un peu des albums de ruptures de transition vers autres choses ? 


    Les ruptures, elles existent depuis le début ! Mais là, elles se sont intensifiées et seul Jean Fauque peut en expliquer les raisons…

    Si tu avais un album a retenir ?

    Je les ai tous retenus ! Ils sont dans ma discothèque... 

    Mais je privilégierai le premier album en collaboration avec Boris Bergman ! Le tournant est là... L'univers d'Alain change avec cette association qui va le conduire dans un univers beaucoup plus Rock'N Roll !

     

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    (le premier album ou on voit apparaître le nom de Bergman étant Roman Photo)

    Un autre verre Michel  ??

    T'as pas une "gueuse" ?

    Une Gueuze pour Michel, moi je reste sur le blanc...

    A ce sujet, j’ai été impressionné enfin plus qu’impressionné par l’endurance éthylique de l’ami Bashung, notamment lors des séjours à l’auberge des trois canards, et tout particulièrement lors de cette soirée passée avec des midinettes des alentours; rien que pour ça, faut lire ton bouquin.

     

    Les racines ne trompent pas ! J'ai vécu quelques temps en Alsace, découvrant ainsi les fêtes de la bière qui expliquent tout au néophyte... Après, le temps passe et les oeufs durent....

     

    La fameuse petite boite en étain, échangée dans ce bar à bière belge de l’avenue de Saint-Ouen, que tu as toujours conservée, elle est vide aujourd’hui ?


    Mon fils a 26 ans... cela fait donc 27 années que je ne fume plus... J'ai même offert le dernier pétard qu'Alain avait laissé dedans à un "Musicos" de passage à la maison dans les années 90... Elle est pleine aujourd'hui des souvenirs qui s'y rattachent et qui t'on marqué lors de la lecture des miens….

     

    Il y a, dans ton ouvrage, du Boris Bergman et moi j’adore Boris Bergman!  Parlons-en ?

    Pour parler de Boris, il faudrait un livre entier ! Son écriture, avec la complicité d'Alain, a totalement changé la façon d'écrire de tous ceux qui font des chansons...

     Son humour, son sens du phrasé, sa culture et son inventivité ont mis à jour la "nébuleuse" Bashung ! On a tous eu des places et des influences différentes dans la constellation de la star, mais lui fut le novateur qui mit au grand jour le côté caché du personnage. Toutes les "guéguerres" intestines ne servent à rien ! Seule la chronologie est Reine dans l'empreinte du géant qu'est devenu Monsieur Bashung ! 

     

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    Grâce à ton livre notamment, on connaît Bashung producteur arrangeur musicien compositeur, et Bashung c’est un auteur aussi ?

    Je crois avoir déjà répondu à cette question concernant son rapport aux textes ! Mais je rajouterai qu'il est l'auteur de la distanciation prise en s'élevant au dessus des autres, tout en rebondissant sur ce que les différents auteurs, qui ont traversé sa vie, lui ont rapporté. Il est avant tout l'auteur de ses compositions dont il ne faut surtout pas négliger l'existence et l'importance de leurs créations dans son parcours atypique ! Il est principalement l'auteur de sa vie dont il a pris "en mains" la direction, dès son plus jeune âge pour en faire ce qu'il en a fait à travers ceux qui l'ont conçu, dans la sinuosité de sa trajectoire.

    Avant de travailler vraiment pour lui, a-t-il attendu d’être prêt ? Comme si toutes les collaborations antérieures à son propre travail ont été un champs de travail et d’expérience, afin d’attendre le bon moment ?

    Mais il a toujours travaillé pour lui ! Ce qui explique ses disparitions, ses ruptures et tentatives diverses et souvent casse-gueule... C'est probablement ce qui explique, aussi, tous les artifices employés pour soutenir son personnage qu'il portait en avant depuis sa plus tendre enfance, et envers et contre tous….

     

    La fameuse Ford Capri, présente dans ton bouquin, on peut faire un tour ou bien la Capri c’est fini ?

     

    Et non.., CAPRI c'est fini depuis longtemps ! Je l'ai vendue dans les années 83/85. Et puis ce n'était qu'un caprice !

    D’après tes souvenirs alors, Joséphine serait plus liée à la souplesse et aux brimbalements d’une 2 cv que d’une berline ?

    La berline est une métaphore... La 2CV une opportunité ! Chronologiquement, je ne prétends pas être le seul véhicule a "brinqueballer" sous les fantaisies (non militaires) d'Alain ! Je pense même qu'il était coutumier du fait et que c'était là, probablement un plaisir qu'il aimait à conjuguer, sans respecter "la grand mère" qui lui avait enseignée les bonnes manières... Il a  probablement partagé ce genre d'anecdote avec plusieurs de ses amis ou auteurs ! La vie est la base de toute inspiration dans la finalité d'une chanson... C'est pourquoi, un jour ou l'autre, il fallait bien que l'aventure soit transcrite dans l'expression artistique de l'artiste ! Le "boulot" de deux complices provient forcément du "partage" de celle-ci...


    Je suis particulièrement touché par les dernières pages de ton livre que je vais laisser au lecteur le plaisir de découvrir, on y sent beaucoup d’émotions, la force des souvenirs, et peut-être quelques regrets je sais pas ? mais je vais juste citer ceci ; Tu dis qu’il a « semé les graines de la lucidité ». 

     

    C'est une évidence ! Il fallait qu'il soit lucide pour traverser ces décennies sans se défaire de cette folle envie d'atteindre le but qu'il s'était fixé , et y parvenir quelques 13 ans plus tard ! 

    C'est là toute son intelligence ! Perdurer à travers ce qu'il a "subi" relève de la performance, de la "haute voltige"... Et ça tu n'y parviens pas sans endurance et sans lucidité ! C'est probablement l'une des raisons pour lesquelles il remettait toujours tout en question... Ce n'est pas parce que tu nages "bien" que tu arrives au bout de la piscine le premier ! C'est par ce que tu nages "plus vite" ! D'où le rapport aux autres avec lesquels tu as intérêt à t'ajuster, à être LUCIDE…

    La dernière fois que tu as vu Bashung sur scène ?


    C'est trop loin pour être précis dans les dates... Mais c'était à l'époque où il faisait des galas avec sa guitare, sous des petits chapiteaux, dans de petites salles. 

     

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    Quand je n'ai plus eu de ses nouvelles, je suis resté à ma place : En retrait... 

    Je ne l'ai donc plus jamais revu, ni sur scène, ni dans le privé.

     

    L’image, le culte formé autour de lui aujourd’hui, ça te va ?


    Comment ça ne m'irait pas, puisqu'il en rêvait ! 

    Mais de là à partager tout ce que j'entends, tout ce que je lis, tout ce qui s'est propagé depuis son départ, sur le mythe du poète oubliant qu'Alain était avant tout un grand compositeur, je n'irai pas jusqu'à ne pas dire qu'il y a quand même des "bricoles" qui me dérangent un peu ! Mais tu sais, dans ce métier, il ne faut pas mélanger l'affect et l'intérêt. C'est souvent ce dernier qui "brouille" totalement les cartes !


    Qu’est ce que tu écoutes aujourd’hui, qu’est ce qui te plait dans la production d’aujourd’hui ? 


    J'écoute principalement le chant des oiseaux, ou de ce qui en reste, lorsqu'un rayon de soleil pointe à l'horizon... C'est surtout dans la voiture et sur Internet que j'écoute des disques. Les radios ne faisant que "blablater" il n'y a pas trop d'autres solutions pour entendre ce qui se crée aujourd'hui. Les dernières découvertes qui m'ont "chamboulé" le cœur sont deux groupes de "saltimbanques" comme je les aime. 

     

    HK ET LES SALTIMBANKS  https://www.youtube.com/watch?v=S03m1FACSs0

     

    Ou SOUFRIS MARACAS https://www.youtube.com/watch?v=N7sj6hjvUMM


    L’actualité de Michel Bernard aujourd’hui ?


    Toujours dans l'écriture et particulièrement théâtrale avec la pièce PRUDENCE (en collaboration avec mon fils) déjà présentée à Lyon

     

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    Et PAPE SALUTE qui doit suivre....

     

    Merci de cet échange Michel, et j’encourage tous les Apaches à lire ton bouquin qu’ils peuvent te commander directement :

    Le meilleur moyen de commander le livre et de le faire en direct sur mon mail privé ! 

    sauvan@wanadoo.fr

    J'en profiterai, au passage, pour y mettre une petite dédicace...

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    Pour en savoir plus sur le Baschung d’avant Bashung, d’avant le succès, la reconnaissance; commandez le livre de Michel Bernard, avec en plus une petite dédicace et ça c'est TOP !!! 

     

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