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Les Interview de MonsieurBashung.com - Page 2

  • Baschung avant Bashung - Interview de Michel Bernard par MonsieurBashung.com

    Bonjour Michel Bernard, j’ai fini cette interview dans cette période étrange et inédite donc impossible de ne pas en parler ! Comment vas tu en ces temps de confinement, comment se déroule ton quotidien ?

     

    Les artistes sont, à l'origine, des êtres confinés, pas finis.., et pour lesquels la solitude est, avant tout , un tremplin... C'est avec elle qu'ils peaufinent leur besoin de se rapprocher des autres ! Alors, en ces temps de confinement, je ne vois pas de grande différence dans la manière de "distiller" le temps qui s'écoule comme l'eau d'une source qui malheureusement risque de se tarir... C'est surtout cela qui préoccupe mes neurones "endoloris", et la façon dont l'inconscient collectif et responsable utilise le peu qui reste à transmettre à nos enfants !

    Pour répondre à ta question d'une façon moins "nombriliste", je te citerai simplement une des célèbres "tirades" du film LA HAINE (1995) de Mathieu Kassovitz :

     - Jusqu'ici tout va bien !

     

    Alors Michel, merci pour ton livre dont le titre donne tout le sens du bouquin, « Bashung avant Bashung » rien que pour ça, moi je t’aurai édité; mais bon je ne suis pas éditeur.

     

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    J'avais pensé, au début, rajouter en sous-titre, les années galères. Car c'est bien de cela qu'il s'agit !

     

    Comme nous sommes confortablement installés dans ce vieux canapé en cuir, je te propose, avant de nous entretenir, un petit rafraîchissement : 

    Un Bourgogne blanc ?

    Un Bordeaux Pessac Leognan rouge ?

    Un Perrier tranche ?

    Un soupçon de Zubro glacée 

    Un verre d’eau ?

     

    "T'as pas une mousse pépère" ?

     

    Alors, une mousse pour Michel, moi, je vais partir sur un verre de blanc bien frais.

    Michel, pourquoi ce livre, pourquoi maintenant  ?

    Et pourquoi pas ? Je ne me suis pas manifesté pendant près de 50 ans... 

    Devant la quantité impressionnante d'ouvrages publiés sur mon "pote", plus ou moins ressemblants à celui que j'avais connu, j'ai pensé qu'il était peut-être "l'heure" que je parle d'un temps que les moins de vingt ans ne pouvaient pas connaître (Sic)... Et je me suis dit "Allons y casquette à la foire aux chapeaux !" et rendons à Alain ce qui n'appartient pas à l’autre....

     

    Ton livre est une belle succession de souvenirs, d’anecdotes, ton plus beau souvenir ?

    Mon plus beau souvenir ? Y a pas photo ! 

    C'est la somme de tous ceux qui se sont additionnés pendant les 7 années de notre collaboration. Les classer par ordre de préférence serait porter atteinte à la manière dont notre amitié abordait la vie... Avec spontanéité, inventivité, humour, créativité, sensibilité, une bière, trois Knacks, une "taffe" , sans oublier la musique et les chansons....


    Tu expliques, que Bashung au début de votre rencontre, lorsque vous partagiez deux fauteuils canapés pour quelque nuits chez votre attaché de presse d’alors Micheline Brunel, ne portait guère d’importance aux mots ?


    C'était sa grande théorie ! La musique était plus importante que les mots ! Au début de notre rencontre Il écrivait ses textes (son premier disque le prouve) et très rapidement, il fit appel à d'autres artistes pour faire des musiques sur leurs textes. Les co-signatures n'arriveront qu'après le succès... Mais lorsque l'intérêt prime, des idées premières se transforment parfois pour orienter différemment le sens des répartitions et des intérêts ! Cela fit également partie de ce que j'ai dénommé plus bas sa "lucidité". Nous n'étions pas encore perturbés par ces préoccupations quand nous courions après une reconnaissance que nous ne voulions qu'artistique ! Comme quoi…

     

    Dans les premières pages de ton ouvrage, tu parles de « ce qu’il a fallu d’opiniâtreté, de persévérance, d’échecs et de remises en question pour en arriver à exister » « Qu’il a du en donner avant d’en recevoir un peu » 

     

    C'est vrai qu'on ne recevait pas grand chose à nos débuts ! Mais au casino, avant de toucher 35 fois la mise, il faut trouver le bon numéro parmi les 38 cases proposées... D'où le fait qu'on reçoit moins souvent que l'on ne mise.... Cela n'empêche pas qu'il y a toujours des joueurs qui s'approchent de la table ! 

    Alain ne l'a jamais quittée !

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    Il avait, me semble-t-il à te lire, cette faculté de disparaître pour un temps puis, de réapparaître d’un seul coup, par une visite, un coup de téléphone avant d’ailleurs de disparaître complètement ?


    Je crois que tous ceux qui ont partagé un moment de vie avec Alain seront unanimes à ce propos. Il avait effectivement cette particularité de disparaître et réapparaître au gré de ses humeurs, de ses besoins, de ses envies, ou de ses errances !... Sans aucune explication !

     

    Il y a quelques années, j’ai rencontré et échangé de nombreuses fois avec un des membres du KGDD (que je salue au passage), et il évoquait notamment la rupture brutale avec Bashung, juste plus de nouvelles du jour au lendemain. Semblable à ce que tu racontes dans ton livre, vers la fin. J’ai plusieurs fois lu ce genre de témoignage. C’était ça avec Bashung, pas « d’au revoir », une rupture nette ? Comment on le vit ? Qu’est ce qui faut y voir ?

     

    D'abord, on n'est pas surpris, En liaison avec ce que je t'ai répondu précédemment.

    Ensuite, dire qu'on le vit bien serait un mensonge... Mais la suite dépend de la personne concernée. Je m'aperçois, avec les décennies écoulées que, même "affecté", j'ai continué à jouer le "jeu" que nous avions mis en place dès le début de notre relation. Finalement, je me glorifie plus de "l'humain" partagé que des traces que nous avons laissées dans nos pérégrinations d'ados pas finis et d'adultes en devenir...


    Il y a quelque chose de touchant c’est que tu dis à la fin du livre, que tu réalises que tu n’as de cette époque, aucune photo avec Baschung malgré toutes ces années passées ensemble, et toutes ces aventures ?


    C'est vrai qu'on s'en foutait bien des photos ! Mais c'était une autre époque... Peut-être n'avions nous pas suffisamment le "tout à l'ego" pour se préoccuper d'en fixer les instants sur de "l'argentique"... Il y en a eu des "prises", à gauche et à droite. Mais pas une seule fois nous n'avons pensé à en demander un exemplaire pour notre album photos.  

    Mais quelle importance... Les souvenirs ne sont-ils pas les plus beaux clichés de notre existence ?

    Les albums de Bashung sont tous différents, une couleur, un son différent, toutefois, y vois-tu un lien, un fil rouge, une cohérence entre tous et si oui lequel ?


    Bien sûr ! Ces albums sont de la psychogénéalogie pure ! Alain a cherché toute sa vie a "canaliser" son mal être... Je pense que chaque album dévoile l'un des nombreux "couloirs" de sa psyché. Plus il a avancé dans la vie, la réussite et dans ses rêves, plus il est allé chercher au plus profond de lui ce qui le perturbait encore... La fin de sa carrière, où le succès ajouté à la maladie, en est une preuve incontestable ! La noirceur de ses albums se disputant avec l'insouciance et l'humour de ce qui l'avait révélé.... Mais, dans l'immortalité où certains de ceux qui l'aiment l'ont cloisonné aujourd'hui, j'oserai dire qu'Alain n'était pas seulement comme ça ! 


    Play Blessures, L‘imprudence ça te parle ?


    Et comment que ça me parle ! C'est dans le studio d'enregistrement de mon amie Régine Denis, pour laquelle nous avions écrit et composé JE VENDS DES REVES à l'époque où elle dirigeait le CONCERT MAYOL, Qu'Alain et Serge Gainsbourg ont enregistré l'album "Play Blessures"... Régine me téléphonait régulièrement pour me raconter "l'aventure". Elle connaissait notre distanciation et le lien qui subsistaient au plus profond de moi et me tenait au courant de l'évolution du disque et des frasques des deux personnages... Apparemment ça n'était pas du "gâteau"... 

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    Pour l'imprudence, c'est un album qui ne me parle pas vu sa noirceur ! Il est tellement en opposition avec celui que j'ai connu que je n'ai pu en savourer toutes les finesses ou les intentions de cette association Fauque/Bashung...

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    Ce sont un peu des albums de ruptures de transition vers autres choses ? 


    Les ruptures, elles existent depuis le début ! Mais là, elles se sont intensifiées et seul Jean Fauque peut en expliquer les raisons…

    Si tu avais un album a retenir ?

    Je les ai tous retenus ! Ils sont dans ma discothèque... 

    Mais je privilégierai le premier album en collaboration avec Boris Bergman ! Le tournant est là... L'univers d'Alain change avec cette association qui va le conduire dans un univers beaucoup plus Rock'N Roll !

     

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    (le premier album ou on voit apparaître le nom de Bergman étant Roman Photo)

    Un autre verre Michel  ??

    T'as pas une "gueuse" ?

    Une Gueuze pour Michel, moi je reste sur le blanc...

    A ce sujet, j’ai été impressionné enfin plus qu’impressionné par l’endurance éthylique de l’ami Bashung, notamment lors des séjours à l’auberge des trois canards, et tout particulièrement lors de cette soirée passée avec des midinettes des alentours; rien que pour ça, faut lire ton bouquin.

     

    Les racines ne trompent pas ! J'ai vécu quelques temps en Alsace, découvrant ainsi les fêtes de la bière qui expliquent tout au néophyte... Après, le temps passe et les oeufs durent....

     

    La fameuse petite boite en étain, échangée dans ce bar à bière belge de l’avenue de Saint-Ouen, que tu as toujours conservée, elle est vide aujourd’hui ?


    Mon fils a 26 ans... cela fait donc 27 années que je ne fume plus... J'ai même offert le dernier pétard qu'Alain avait laissé dedans à un "Musicos" de passage à la maison dans les années 90... Elle est pleine aujourd'hui des souvenirs qui s'y rattachent et qui t'on marqué lors de la lecture des miens….

     

    Il y a, dans ton ouvrage, du Boris Bergman et moi j’adore Boris Bergman!  Parlons-en ?

    Pour parler de Boris, il faudrait un livre entier ! Son écriture, avec la complicité d'Alain, a totalement changé la façon d'écrire de tous ceux qui font des chansons...

     Son humour, son sens du phrasé, sa culture et son inventivité ont mis à jour la "nébuleuse" Bashung ! On a tous eu des places et des influences différentes dans la constellation de la star, mais lui fut le novateur qui mit au grand jour le côté caché du personnage. Toutes les "guéguerres" intestines ne servent à rien ! Seule la chronologie est Reine dans l'empreinte du géant qu'est devenu Monsieur Bashung ! 

     

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    Grâce à ton livre notamment, on connaît Bashung producteur arrangeur musicien compositeur, et Bashung c’est un auteur aussi ?

    Je crois avoir déjà répondu à cette question concernant son rapport aux textes ! Mais je rajouterai qu'il est l'auteur de la distanciation prise en s'élevant au dessus des autres, tout en rebondissant sur ce que les différents auteurs, qui ont traversé sa vie, lui ont rapporté. Il est avant tout l'auteur de ses compositions dont il ne faut surtout pas négliger l'existence et l'importance de leurs créations dans son parcours atypique ! Il est principalement l'auteur de sa vie dont il a pris "en mains" la direction, dès son plus jeune âge pour en faire ce qu'il en a fait à travers ceux qui l'ont conçu, dans la sinuosité de sa trajectoire.

    Avant de travailler vraiment pour lui, a-t-il attendu d’être prêt ? Comme si toutes les collaborations antérieures à son propre travail ont été un champs de travail et d’expérience, afin d’attendre le bon moment ?

    Mais il a toujours travaillé pour lui ! Ce qui explique ses disparitions, ses ruptures et tentatives diverses et souvent casse-gueule... C'est probablement ce qui explique, aussi, tous les artifices employés pour soutenir son personnage qu'il portait en avant depuis sa plus tendre enfance, et envers et contre tous….

     

    La fameuse Ford Capri, présente dans ton bouquin, on peut faire un tour ou bien la Capri c’est fini ?

     

    Et non.., CAPRI c'est fini depuis longtemps ! Je l'ai vendue dans les années 83/85. Et puis ce n'était qu'un caprice !

    D’après tes souvenirs alors, Joséphine serait plus liée à la souplesse et aux brimbalements d’une 2 cv que d’une berline ?

    La berline est une métaphore... La 2CV une opportunité ! Chronologiquement, je ne prétends pas être le seul véhicule a "brinqueballer" sous les fantaisies (non militaires) d'Alain ! Je pense même qu'il était coutumier du fait et que c'était là, probablement un plaisir qu'il aimait à conjuguer, sans respecter "la grand mère" qui lui avait enseignée les bonnes manières... Il a  probablement partagé ce genre d'anecdote avec plusieurs de ses amis ou auteurs ! La vie est la base de toute inspiration dans la finalité d'une chanson... C'est pourquoi, un jour ou l'autre, il fallait bien que l'aventure soit transcrite dans l'expression artistique de l'artiste ! Le "boulot" de deux complices provient forcément du "partage" de celle-ci...


    Je suis particulièrement touché par les dernières pages de ton livre que je vais laisser au lecteur le plaisir de découvrir, on y sent beaucoup d’émotions, la force des souvenirs, et peut-être quelques regrets je sais pas ? mais je vais juste citer ceci ; Tu dis qu’il a « semé les graines de la lucidité ». 

     

    C'est une évidence ! Il fallait qu'il soit lucide pour traverser ces décennies sans se défaire de cette folle envie d'atteindre le but qu'il s'était fixé , et y parvenir quelques 13 ans plus tard ! 

    C'est là toute son intelligence ! Perdurer à travers ce qu'il a "subi" relève de la performance, de la "haute voltige"... Et ça tu n'y parviens pas sans endurance et sans lucidité ! C'est probablement l'une des raisons pour lesquelles il remettait toujours tout en question... Ce n'est pas parce que tu nages "bien" que tu arrives au bout de la piscine le premier ! C'est par ce que tu nages "plus vite" ! D'où le rapport aux autres avec lesquels tu as intérêt à t'ajuster, à être LUCIDE…

    La dernière fois que tu as vu Bashung sur scène ?


    C'est trop loin pour être précis dans les dates... Mais c'était à l'époque où il faisait des galas avec sa guitare, sous des petits chapiteaux, dans de petites salles. 

     

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    Quand je n'ai plus eu de ses nouvelles, je suis resté à ma place : En retrait... 

    Je ne l'ai donc plus jamais revu, ni sur scène, ni dans le privé.

     

    L’image, le culte formé autour de lui aujourd’hui, ça te va ?


    Comment ça ne m'irait pas, puisqu'il en rêvait ! 

    Mais de là à partager tout ce que j'entends, tout ce que je lis, tout ce qui s'est propagé depuis son départ, sur le mythe du poète oubliant qu'Alain était avant tout un grand compositeur, je n'irai pas jusqu'à ne pas dire qu'il y a quand même des "bricoles" qui me dérangent un peu ! Mais tu sais, dans ce métier, il ne faut pas mélanger l'affect et l'intérêt. C'est souvent ce dernier qui "brouille" totalement les cartes !


    Qu’est ce que tu écoutes aujourd’hui, qu’est ce qui te plait dans la production d’aujourd’hui ? 


    J'écoute principalement le chant des oiseaux, ou de ce qui en reste, lorsqu'un rayon de soleil pointe à l'horizon... C'est surtout dans la voiture et sur Internet que j'écoute des disques. Les radios ne faisant que "blablater" il n'y a pas trop d'autres solutions pour entendre ce qui se crée aujourd'hui. Les dernières découvertes qui m'ont "chamboulé" le cœur sont deux groupes de "saltimbanques" comme je les aime. 

     

    HK ET LES SALTIMBANKS  https://www.youtube.com/watch?v=S03m1FACSs0

     

    Ou SOUFRIS MARACAS https://www.youtube.com/watch?v=N7sj6hjvUMM


    L’actualité de Michel Bernard aujourd’hui ?


    Toujours dans l'écriture et particulièrement théâtrale avec la pièce PRUDENCE (en collaboration avec mon fils) déjà présentée à Lyon

     

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    Et PAPE SALUTE qui doit suivre....

     

    Merci de cet échange Michel, et j’encourage tous les Apaches à lire ton bouquin qu’ils peuvent te commander directement :

    Le meilleur moyen de commander le livre et de le faire en direct sur mon mail privé ! 

    sauvan@wanadoo.fr

    J'en profiterai, au passage, pour y mettre une petite dédicace...

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    Pour en savoir plus sur le Baschung d’avant Bashung, d’avant le succès, la reconnaissance; commandez le livre de Michel Bernard, avec en plus une petite dédicace et ça c'est TOP !!! 

     

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  • De l'aube à L'aube - Alain Bashung - Page à Page éditions

     

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    - Bonjour Jean François Planche, Votre maison d’édition, Page à Page Editions, publie en ce mois de novembre, la retranscription intégrale de l’émission « De l’aube à l’aube », émission de radio consacrée à Alain Bashung et diffusée sur les ondes en 2010.

    Jean-François, avant de commencer à parler de cet ouvrage à la belle couverture sombre, je vous propose de partager ensemble et avec nos lecteurs, un p’tit verre ; on sera encore mieux comme ça… Alors j’ai une bouteille de Chablis (au frais naturellement), j’ai un Château de Fieuzal en rouge, j’ai également de la Zubroswka bien gelée, et l’éternel Perrier tranche… Que prenez-vous ?

    Va pour le Fieuzal. Je ne connais pas mais le nom me plaît beaucoup.

     

    - Excellent choix, c'est un Bordeaux Pessac-léognan, je vais vous accompagner d'ailleurs... Nous voilà donc confortablement installé. 

    Lors de notre premier échange, vous m’avez dit « Fan depuis 1986, publier un livre sur Bashung était un vieux rêve » ! En publiant « De l’aube à l’aube », retranscription intégrale de l’émission diffusée sur France-Inter, Radio-Canada, la RTBF et la RTS en 2010, vous réalisez donc un rêve ?

    Oui, quand on est fan de Bashung et qu’on aime les livres, publier un livre sur Bashung s’impose comme une évidence. Avec Agnès Mantaux, mon associée, nous avions évoqué ce projet dès 2010 mais à l’époque, nous n’avions pas la structure adéquate pour le faire. Retranscrire une émission de radio et la rendre lisible, c’est un boulot de dingue ! 

     

    - Pourquoi le choix de retranscrire ces superbes émissions, plutôt que de partir sur une bio plus « traditionnelle » ?

    Il existe déjà trois biographies incontournables : celle de Marc Besse, celle de Pierre Mikaïloff et celle de Bruno Lesprit et Olivier Nuc *. Une quatrième biographie n’aurait rien apporté de plus. 

    « De l’aube à l’aube » propose une démarche particulière, très vivante, diversifiée, où chaque intervenant apporte sa petite pierre selon son expérience. Il y a une cinquantaine d’intervenants et donc une cinquantaine de sensibilités. Ce foisonnement permet de sortir de la simple chronologie et d’avoir une approche plus riche, plus complète et plus complexe de Bashung et de son oeuvre. 

    Marc Suter et David Golan ont fait un boulot absolument incroyable avec ces 10 émissions. Et puis, ce foisonnement, ces mélanges, ces multiples apports, c’est tellement bashunguien !

     

    - Quel est pour vous, votre premier souvenir Bashunguien, le premier morceau, le premier son ?

    Ce fut un grand silence ! En 1986, avec mon frangin, nous venions de tomber sur « Passé le Rio Grande », un album réjouissant, libre, truffé de jeux de mots qu’on n’en finit plus de découvrir. Coup de bol, Bashung donnait un concert gratuit au Parc du Héron, à Villeneuve d’Ascq dans le Nord. On a pris la bagnole et on a attendu une bonne heure. Finalement, un type est venu sur la scène pour annoncer que Bashung n’était pas en état de chanter. Evidemment, quelle déception !

     

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    - Ce que j’aime beaucoup dans cet ouvrage, c’est qu’on peut picorer comme on veut quand on veut dans les différentes périodes selon ses envies et ses humeurs ! La Table est découpée en 10 épisodes avec des titres qui desservent très bien chaque période. Avez-vous vous, une préférence, une période préférée ? 

    Pour moi, c’est un tout mais effectivement, on peut picorer ici et là. Je n’ai pas de préférence mais le chapitre sur « L’Imprudence » est assez emblématique car on y découvre, presque en live, l’absence de limites dans la création. Au final, même si on connaît très bien Bashung, on apprend des quantités de choses, c’est assez impressionnant. Par exemple, quand Pascal Nègre dit que les gens demandaient « la chanson du clip avec le cheval » sans savoir que c’était une chanson de Bashung, c’est vraiment inattendu.

     

    - Pourquoi d’après vous, Alain Bashung possède-t-il aujourd’hui cette aura particulière, cette stature si particulière ?

    Difficile à dire, je ne pense pas qu’il y ait de recettes. Peut-être parce qu’il est à la jonction du rock, de l’immense Léo Ferré et de sons plus expérimentaux. La longévité compte aussi, j’étais surpris de voir, à l’Olympia, la diversité d’âges dans le public. On peut également évoquer les tubes, qui font qu’il s’est régulièrement rappelé au bon souvenir du public et des médias. 

    Mais je crois surtout que Bashung existe dans le retrait, que ce soit par sa personnalité ou par ses chansons. De ce fait, il laisse beaucoup de place à l’auditeur qui peut aisément se projeter et se fondre dans un univers à inventer, Bashung se « contentant » d’évoquer, de suggérer et de poser des jalons ou des ambiances.

     

    - Dominique A préface votre ouvrage, pourquoi lui ?

    Dominique A et Bashung ont plusieurs points en commun : la réserve, la classe, l’exigence, une belle et longue carrière. Nous nous doutions bien que Dominique A aurait des choses intéressantes à dire sur Bashung. Et leurs univers ne sont pas si éloignés : j’ai toujours été étonné de la proximité musicale entre « Remué » et « Fantaisie militaire » par exemple. Il fallait bien que ces deux-là se retrouvent un jour !

     

    - Je vous ressers la même chose, ou vous souhaitez de nouvelles données ?

    Va pour le rouge, c’est ma couleur préférée.

     

    - L’actualité nous offre un (sublime) album posthume d’Alain Bashung, je suppose que vous l’avez écouté. Qu’en pensez-vous ? Et si vous aviez à en ressortir un morceau ?

    Je suis mitigé. C’est beau, c’est bien fait et, bien sûr, la voix est troublante. C’est un disque qui plaira à beaucoup mais je ne retrouve pas le Bashung que j’aime, je ne retrouve ni la tension propre à Bashung, ni l’humour sous-jacent, ni le jeu sur les sons ou l’approche surréaliste de Jean Fauque et Boris Bergman. Ces chansons sont trop littérales pour moi et me touchent donc moins. 

    Curieusement, c’est la première fois (excepté sur « Figure Imposée ») que Bashung n’apparaît pas sur la pochette. Là, c’est un coquelicot, « le dernier coquelicot » de « Sommes-nous » je suppose. Faut-il en conclure quelque chose ?

     

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    - J’aime beaucoup la photo de Richard Bellia en couverture de votre livre magnifiquement sombre. On y voit les grandes et fines mains d’Alain Bashung lui cacher son visage. Ce n’est pas un choix anodin pour un ouvrage où il se livre tant ?

    Ah, cette couverture ! Nous avons fait une vingtaine de projets avant de trouver LA couverture. Sur une biographie, il faut que le portrait de l’artiste soit présent. Or Bashung ne ressemble jamais à Bashung ! Quel point commun entre le Bashung de « Gaby », de « Novice » et de « Bleu Pétrole » ? Faire un choix aurait forcément été réducteur. 

    Nous avons donc choisi ce visuel inédit que nous a proposé Richard Bellia : Bashung se montre et se cache, je trouve que c’est une juste image du personnage, pudique, présent dans le retrait, que la lumière rend « plus fort en ombre ». 

    Cette biographie étant différente, il fallait aussi que la photo de couverture soit différente. Un simple portrait aurait mal représenté le livre.

    Enfin, pour la petite histoire, « De l’aube à l’aube » étant tiré du refrain de « Ma petite entreprise », nous avons opté pour la couleur « or » en couleur complémentaire ou, pour être plus précis « dorée à souhait ». Est-ce qu’il se cache ? Peut-être mais pour moi, dans la logique, ce serait « inlassablement se dévoile ». Je voulais aussi qu’il y ait un lien, presque subliminal, avec « Novice », ce magnifique album du mitan et qui résume à lui seul la carrière de Bashung.

     

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    Richard Bellia

     

    - Une question à laquelle je ne pourrais moi-même répondre : Si demain vous ne devriez garder avec vous qu’un seul album d’Alain Bashung, ce serait lequel ?

    - Pas « En amont » en tous cas.

    - Et pourquoi celui-ci ?

    - Parce que pas « Bleu Pétrole » non plus.

    - Votre premier et votre dernier concert du Bash ?

    - Le premier, c’était donc ce concert à Villeneuve d’Ascq. Passons. 

    Le dernier concert, c’était à l’Aéronef, à Lille, la tournée qui faisait suite à « L’imprudence ».Je n’ai pas voulu assister à la tournée « Bleu Pétrole » car je trouvais ce dernier adieu un peu glauque, je n’avais pas envie de garder cette image de Bashung. Aujourd’hui, je regrette un peu.

     

    - Les inclassables « Play Blessures » et « l’Imprudence », ça vous parle ?  Ces ovnis font-ils partie de vos écoutes régulières, ou bien, auriez-vous la main plus facile sur d’autres albums plus… abordables, accessibles va-t-on dire?  

    - « Play Blessures », « Novice », « Fantaisie militaire » et « L’imprudence » sont les quatre albums que j’écoute le plus. J’aime la tension, la cohérence et la densité de « Play Blessures ». « L’Imprudence » est un pur chef d’oeuvre, difficile d’accès mais d’une profondeur inégalée sauf peut-être sur « Fantaisie militaire ».

     

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    - Pour finir, c’est quoi Bashung pour vous aujourd’hui, près de 10 ans après sa disparition ?

    - C’est quelqu’un avec qui j’ai grandi pendant 30 ans. Il m’accompagne au quotidien, il est toujours dans un coin de ma tête et surgit parfois à l’improviste. La dernière fois, j’allais chercher du pain et paf : « ah putain, “Mes prisons”, ça peut être aussi “Méprisons” ». Voilà quoi.

     

    - Jean-François, d’autres projets chez Page à Page ?

    - Oui bien sûr mais il est trop tôt pour en parler. Le plus simple, c’est de liker notre page FaceBook pour être au courant de notre actu : Facebook.com/pageapageeditions/

     

    Je pourrai aisément vous poser des montagnes de questions sur les retranscriptions de l’aube à l’aube. Pour ma part, j’aime énormément retrouver Boris Bergman, qui pour moi aujourd’hui, est trop souvent oublié quant on parle de Bashung. Il y aussi sa première épouse Chantal M, dont les témoignages sont intéressant, Olivier Guindon du groupe KGDD, puis plus loin Yan Péchin, qui ouvre la porte sur les derniers concerts, superbe. On retrouve Chloé Mons aussi, qui parle des derniers grands moments, des derniers concerts… C’est super d’avoir retranscrit tout ça pour nous, et nous félicitons Page à Page éditions d’avoir eu cette belle idée en plus juste avant Noel. 

    Alors on va chaleureusement inviter nos lecteurs à acheter ou commander au Pere Noel cet ouvrage que vous êtes venu nous présenter, et puis on va se resservir un verre en écoutant Bashung...

    Merci Jean François

     

     

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    De l'Aube à l'Aube

    Alain Bashung

    Page à Page Editions

    19 euros

     

     

     * Retrouvez ces trois biographies citées par Jean-François Planche sur Monsieurbashung.com pour lire notre compte-rendu de lecture... 

  • Interview de Laurent Seroussi pour Fantaisie Militaire

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    BASHUNG «A ÉTÉ D’UNE PATIENCE INFINIE»

    Par Alexis Bernier — 8 juillet 2016 à 17:31

    Auteur de nombreux visuels pour Zazie ou M, le photographe Laurent Seroussi raconte la genèse de l’image, très marquante, qu’il a réalisée pour le chanteur de «la Nuit je mens», en 1998.

    La piscine

    «En passant d’un plateau à l’autre pendant que mes assistants préparaient les clichés, on a réussi à faire les trois images en une journée, en terminant par celle-ci, qui était la plus difficile. Alain était allongé dans une piscine gonflable noire très peu profonde, et on avait construit un échafaudage au-dessus de lui pour que je puisse prendre la photo. Tous les réglages ont été faits avec des assistants, et le cliché a été pris en vingt minutes, ce qui n’a pas suffi à empêcher qu’il ait les doigts fripés. Alain a été d’une patience infinie.»

    Les lentilles d’eau

    «C’était l’hiver, on avait récupéré des tonnes de lentilles d’eau prises dans la glace en forêt de Rambouillet ; mais, quand elles ont fondu dans notre petite piscine, des tonnes de bestioles de toutes sortes s’étaient aussi invitées. Il nous a fallu des heures pour nettoyer l’eau de cette faune grouillante. On versait régulièrement des théières d’eau chaude pendant qu’Alain était allongé. Au vu du résultat, il a finalement accepté le principe de la photo mais, par superstition, il m’a demandé de changer la couleur des lentilles d’eau. Il ne voulait pas de vert. J’ai dû faire des essais qui n’avaient aucun sens en bleu ou jaune, et j’ai fini par refuser l’utilisation de la photo s’il persistait à vouloir modifier les couleurs. Au final, Alain ne m’a jamais dit ce qu’il pensait de la pochette. Je ne suis pas certain qu’il l’appréciait. Il ne s’est jamais exprimé.»

    L’idée

     

    «Alain Bashung travaillait régulièrement avec Jean-Baptiste Mondino, et Barclay m’a contacté pour tenter quelque chose de différent sur un disque en forme de nouveau départ. Bashung ne voulait rien partager de ce disque avant sa sortie, et je n’ai eu accès qu’aux textes pour imaginer une pochette. Celui de la chanson Fantaisie militaire m’a fait penser au Dormeur du val de Rimbaud. Je voulais donner une version photographique de ce gisant entre la vie et la mort. Une idée que sa maison de disques a aimée mais qui ne l’a pas séduit immédiatement. J’ai dû batailler, proposer d’autres idées, notamment celle d’un Bashung marchant sous un parapluie avec des petites lumières accrochées aux baleines ou de sa silhouette derrière un verre trouble, décomposée comme un puzzle. C’était graphique, mais cela ne racontait pas grand-chose. Finalement, j’ai proposé un deal, réaliser ces trois images dans la même journée pour prouver que celle qu’il aimait le moins était la bonne.»

     

    Par Alexis Bernier — 8 juillet 2016 pour Libération !

  • Interview ça cache queckchose 1981

     

    Chers amis bashungophiles, voici pour vous et rien que pour vous, une petite interview inédite du jeune Alain Bashung accordé au non moins jeune Gilles Verlant (qui a pris quelques kilos depuis, le poids des années, sans doute...).

     L'entretien, extrait de l'émission "Ligne Rock" et sorti récemment des placards de la RTBF, est entrecoupé de passages de concerts carnivores du début des 80's.

     

    A bientôt, Olivier