10/12/2009
Gainsbourg Bashung Gallotta, un fauteuil pour trois

Chez Max, coiffeur pour homme, siège un fauteuil sur roulettes, une chaise musicale désespérement vide... mais vide, elle ne l'est qu'en apparence car le ballet de J.C. Gallotta est habité par l'objet, lui même hanté par les têtes de choux disparues.
Dès les notes d'intro, les quatorze danseurs se succèdent harmonieusement en courbettes et révérences au trône vacant de la chanson française. Dans un instant, les enceintes cracheront la voix de l'alsacien dont subsiste encore l'écho dans les boites crâniennes venues pour le voir... Oups ! L'entendre, encore une fois... Une telle absence en devient envahissante et c'est ainsi qu'Alain Bashung parvient à créer l'évènement d'outre-tombe. L'oeuvre est certes signée Gainsbourg, mais celui qui manque à la pelle est bien son héritier qui devait, à l'origine du projet, se faire raser la couenne et rafraichir les nouilles sur scène.
Je suis l'Homme à la tête de chou
Moitié Légume - Moitié Mec
Sa voix sombre résonne enfin dans le théatre du Rond Point, quelle évasion ! Les danseurs tirent sur leurs oreilles en choux-fleurs. Les danseuses vêtues d'un Lévi's font transiter le fauteuil magnétique d'arabesques en courses folles à travers l'estrade. Peu à peu, la chorégraphie nous happe, la sensualité prend corps à corps entre Marilou(s) et Tête(s) de Chou(x).
Les tableaux se succèdent au rythme du chant bashungien et des musiques additionnelles de Clavaizolle (mi-géniales, mi-lourdingues) pour atteindre des sommets de sensualité quand Marilou mène à la braguette ses "deux macacques de Woodstock ". La Baby-Doll fait teinter le métal de son zip et se self-contrôle publiquement au son de nos idôles.
Pendant ce temps, Bashung débite cette obscure romance avec un zeste de dédain, une pincée d'orgueil et une classe folle. Une version digérée de la folie originelle de Serge Gainsbourg. Plus en recul que son ainé sur sa relation tumultueuse avec la shampouineuse, il parait conscient de sa chute inéluctable et assume pleinement ce qui constitue l'autre sommet du spectacle: l'évocation subtile du meurtre à l'extincteur d'incendie.
Elle l'a bien chercher la petite garce, a-t-il l'air de nous dire, comme interné par erreur en clinique neuro-psychiatrique.
Brandissant le cylindre je frappe paf,
Et Marilou se met à geindre,
De son crâne fendu s'échappe un sang vermeil,
Identique au rouge sanglant de l'appareil,
Elle a sur le lino, un dernier soubresaut, une ultime secousse,
J'appuie sur la manette, le corps de Marilou disparait sous la mousse
Issue d'un silence de mort, telle une vision de claque, Marilou réapparait nue, titubant culotte aux chevilles, guitare vermeille en bandoulière. Le tableau suggérant la victime ensanglantée est de toute évidence "Réservé aux Indiens" et dédié au chanteur récemment disparu.
La troupe entière a sur le lino un dernier soubresaut, une ultime secousse. Marilou repose sous la neige, nos héros en paix. Les deux Apaches, envoyés spéciaux pour Monsieur Bashung.com, peuvent aller partager cette mousse longuement attendue... la mémoire de leurs Maîtres-chanteurs ayant été pleinement saluée. Bashung et Gainsbourg entrent dans la danse par la grâce de Gallotta, le chorégraphe se courbant d'une révérence finale au fauteuil à roulettes russes.

vu, digéré et posté par Olivier
18:53 Écrit par Olivier dans Les Congénères de MonsieurBashung.com, MonsieurBashung.com au fil du jour..., Serge Gainsbourg sur monsieurBashung.com | Lien permanent | Commentaires (8) | Facebook
Commentaires
Je suis bien d'accord en tout cas sur :
"l'absence envahissante", sur les musiques additionnelles "mi-géniales mi-lourdingues" et sur le recul qu'à Bashung contrairement à Gainsbourg face à cette folle histoire.
Et puis je suis également d'accord sur "la mousse tant attendue"...
PS: Génial la photo !!!!
Écrit par : Greggory eess | 10/12/2009
Dupont et Dupond not détectives de choc,
On attend du coup la version "d"
l'absence envahissante: très beau !!
Écrit par : Etienne | 10/12/2009
Petit coucou également à HKG et son Loulou impressionnants en bashungologie.
Soirée mémorable dis-je !
A quand la version "d" ?
Écrit par : Oliver | 10/12/2009
Quel site créatif qui nous font revivre nos émotions ! C'est chaque fois une découverte (montages photos réussis, dessins, textes, beaucoup d'idées et de recherches). C'est super. Merci pour tout.
Écrit par : fleur | 11/12/2009
Tu avais été une des première à nous exprimer ton point de vue sur le spectacle. Je suis content que nos visions se rejoignent.
Une deuxième séance s'imposerait peut être mais j'ai avant tout hâte d'entendre la bande-son tranquillement dans mon salon. J'espère une version légèrement écourtée par rapport à celle du spectacle qui prévoit une large place (et c'est normal) à la danse.
Merci encore, des comment' comme le tiens récompensent tous le travail fourni ici à la mémoire du Maître Bashung.
Écrit par : Oliver | 11/12/2009
Et puis, on nous annonce le CD pour bientôt, alors même si c'est TF1...
http://videos.tf1.fr/jt-we/le-13-heures-du-13-decembre-2009-5592249.html
(Avant dernier chapitre)
Écrit par : Oliver | 13/12/2009
Qu'elle m'inssuporte cette présentatrice j'ai l'impression qu'elle va dire "ce truc" lorsqu'elle annonce le spectacle ....
Oui des regrets, légitimes je pense !
Écrit par : Etienne | 13/12/2009
Écrit par : Cours particuliers | 16/01/2010
Les commentaires sont fermés.